Dans la mesure où il avait passé une énième nuit à profiter de sa jeunesse décadente en allant en soirée plutôt qu'en choisissant de se poser sagement dans son lit, la veille au soir, Cilian avait comme qui dirait une tête de six pieds de long - histoire de rester poli. S'évertuant néanmoins à mettre un pied devant l'autre, il déambulait un peu à l'aveugle dans les couloirs de cet établissement qu'il ne connaissait pas encore et dont, pourtant, il allait devoir très vite s'y accoutumer étant donné qu'il allait y donner quelques cours de soutien ici et là. Tout cela, dans l'espoir de financer - même un peu - ses études universitaires. Sans compter qu'à côté de ça, il devait aussi payer la chambre qu'il occupait sur le campus, se nourrir et s'octroyer de temps à autre, le petit plaisir de fumer... Il avait certes obtenu une bourse d'étude pour étudier à l'université du comté et son père l'aidait également à financer ses dites études. Mais il détestait profondément l'idée de devoir ainsi et autant dépendre de ce dernier pour subvenir à ses besoins.

Pensif, il continua son cheminement à travers ce même couloir avant de finalement déboucher sur une porte à double battant menant à l'extérieur du bâtiment. Il hésita un instant à prendre cette direction avant que son regard ne se porte indéniablement sur une petite pancarte où il put y lire l'inscription suivante : bibliothèque, avec une petite flèche indiquant de prendre la sortie. Visiblement, la bibliothèque était située à l'extérieur du lycée, mais Dieu merci, facilement accessible. Cilian devrait pouvoir aisément s'en souvenir pour le prochain cours de soutien qu'il aurait à donner ici.


Se fondit-il en excuse auprès de la jeune femme qu'il venait de bousculer avec le battant de la porte en vouloir prendre la sortie.

Perdu dans ses petits, il n'avait hélas pas pris la peine de vérifier avant de l'ouvrir et voilà qu'il se retrouvait à présent dans une bien cocasse situation.

Perdu dans ses petits, il n'avait hélas pas pris la peine de vérifier avant de d'ouvrir la porte et voilà qu'il se retrouvait, à présent, dans une bien cocasse situation...

Ô combien, il lui était reconnaissant de ne pas s'en être offusqué. À dire vrai, il avait même été soulagé en la voyant afficher un léger sourire. Ce dernier, bien qu'il n'en dît pas long sur le véritable fond de ses pensées, avait néanmoins eu le mérite de le rassurer un peu au même titre que les quelques mots qu'elle daigna lui accorder en dépit de sa maladresse.


Promit-il.


Expliqua-t-il en lui épargnant évidemment les détails de sa soirée, le manque évident de sommeil - qui pouvait à lui seul expliquer sa drôle de tête à l'heure actuelle - y compris le fait qu'il avait dû mettre une armée de réveil avant de placer son smartphone à l'autre bout de sa chambre pour être tout à fait certain de pouvoir quitter son lit lorsqu'ils se déclencheraient. Évitant ainsi de céder à la tentation de tous les éteindre les uns après les autres, car en dépit de sa désinvolture, il ne pouvait se permettre de perdre cet emploi à peine l'avait-il acquis.


Bon il avait fini, semble-t-il, par trouver son emplacement. Toutefois, il aurait aimé y parvenir sans encombre et sans en venir, par mégarde certes, à frapper le personnel de l'école dans l'espoir d'y accéder rapidement. Essayant néanmoins de faire bonne figure, Cilian se présenta en lui retournant finalement son sourire, tout en lui offrant une poignée de main.

C'était loin d'être la première gueule de bois de Cilian, il n'irait pas jusqu'à dire qu'il y était "habitué", mais il n'y était pas étranger non plus et – avouons-le - depuis son entrée à l'université, il n'avait pas – ou si peu – cessé de vivre chaque instant, comme si c'était le dernier. Conscient, néanmoins, que cette excuse de "gueule de bois" n'était plus tout à fait valable depuis sa transformation. Il aimait parfois à le croire. Se prêter au jeu de l'imagination et de se penser dans la peau d'un gars "normal". Mais ces capacités de récupération, elles, elles lui laissaient rarement le temps de se méprendre trop longtemps sur sa véritable condition. Le plus étrange dans tout cela, c'était que ni l'alcool, ni la fumette n'avait de prise sur lui. Tous leurs effets néfastes, tant redouté par les parents et tant recherché par les "enfants"... Ne faisait que traverser son corps, sans jamais réellement l'abîmer. Pourtant, Cilian ne semblait pas réussir à se défaire de ses petits travers. Comme si y renoncer, signifiait devoir abandonner une part de lui ou, peut-être, une part de son ancien lui ?

Conscient qu'il s'égarait on ne peut trop dans ses pensées, il se laissa volontiers ramener à la réalité par les quelques mots de son interlocutrice qui lui assurait, qu'à l'avenir, elle s'assurerait aussi de regarder où elle mettrait les pieds. Souriant à ce souhait de bonne volonté, il se promit d'en faire de même alors qu'une nouvelle réflexion vient s'immiscer dans son esprit.

Si la drogue et l'alcool n'avaient aucune emprise sur son "nouveau" lui, pourquoi diable se sentait-il si fatigué ? Ses capacités de guérison étaient-elles sélectives ou cela ne concernait-il que les choses réellement en mesure de le nuire outre mesure ?

Non, parce qu'il se devait au moins de reconnaître que son loup avait sûrement autre chose à foutre que de faire s'évaporer cette sensation jour après jour. Mais il y avait encore tant de chose qu'il ignorait – ou qu'il avait probablement peur d'apprendre – concernant les garous tels que lui, qu'il avait encore du chemin à parcourir avant de se connaître entièrement sous ce nouveau jour.


Admit-il simplement avant de lui rendre son sourire lorsqu'elle finit par se présenter à son tour. Cassiopée, voilà un bien beau prénom. Pensa-t-il en pressant doucement sa main dans la sienne. Sous son contact, un frisson vient néanmoins lui parcourir l'échine. Le même genre de frisson que lorsqu'il sentait la présence de Mavis... Son instinct, même s'il n'aimait pas toujours se fier à lui, lui affirmait avec aplomb – nulle place au doute – qu'il était en présence d'une alpha. Se figeant légèrement face à la dénommée Cassiopée, Cilian récupéra sa main. On ne peut plus sur la réserve à présent, il ne pouvait s'empêcher de se demander quel genre d'alpha elle pouvait bien être ? Il ne pouvait pas tous être aussi calculateur et sournois que l'était sa belle-mère...